2025

Résumé du discours de M. Pierre Krähenbühl, Directeur général du Comité International de la Croix-Rouge (CICR), lors du déjeuner-débat du 28 janvier 2025 du Forum suisse de politique internationale sur « L’action humanitaire du CICR dans un monde polarisé : défis et dilemmes ».

Le Directeur général du CICR a partagé ses réflexions sur l’évolution de l’action humanitaire face aux défis du monde actuel, s’appuyant sur l’expérience du CICR et son travail quotidien.

1. Le CICR et l’action humanitaire

Il a rappelé que l’être humain reste au centre de l’action du CICR et que la souffrance des victimes de conflits armés et de violences n’est jamais anonyme. Aucun conflit n’est « oublié », car ceux qui en souffrent ne l’oublient jamais.

Né sur un champ de bataille, le CICR incarne un refus de la souffrance humaine. Aujourd’hui encore, il poursuit son action, fidèle à l’héritage de Henry Dunant après Solferino (1859). La nouvelle Stratégie institutionnelle du CICR (2024-2027) repose sur deux axes clés : la protection des victimes de conflits armés, ainsi que le respect et le développement du droit international humanitaire (DIH). Cette nouvelle stratégie rappelle aussi l’importance de répondre directement aux urgences et crises humanitaires actuelles.

2. Un monde polarisé et de nouveaux défis

Le CICR évolue dans un contexte marqué par l’affaiblissement du multilatéralisme et une polarisation accrue, compliquant le dialogue et la résolution des conflits.

Les conflits s’inscrivent désormais dans la durée, obligeant le CICR à adapter son approche humanitaire, initialement conçue pour des urgences temporaires. Par ailleurs, la guerre évolue avec la digitalisation des champs de bataille, la robotisation des combats et l’essor des armes autonomes. En parallèle, la diffusion de discours nuisibles sur les réseaux sociaux complique davantage l’action humanitaire et l’évaluation des besoins.

3. L’avenir : dilemmes et perspectives

Le CICR reste attaché à son mandat de développement du DIH. En 2024, les Conventions de Genève ont célébré leurs 75 ans, réaffirmant leur objectif de limiter les moyens et méthodes de guerre et de protéger la dignité humaine. L’an dernier, le CICR a lancé avec le Brésil, la Chine, la France, la Jordanie, le Kazakhstan et l’Afrique du Sud une initiative mondiale visant à revitaliser l’engagement politique en faveur du droit international humanitaire.

Le Directeur général a conclu en soulevant plusieurs dilemmes persistants : l’insuffisance des mécanismes de prévention et de résolution des conflits ; la durée prolongée des crises humanitaires ; le lien complexe entre action humanitaire et processus de paix ; l’évolution intergénérationnelle des approches humanitaires ; et le besoin de refuser une forme de complaisance ou de nonchalance par rapport à l’existence et la prolifération des conflits armés. C’est l’indignation et l’action visant à limiter leurs effets, et encore mieux, de les prévenir dont le monde à besoin.