2025

Résumé du discours liminaire prononcé par Mme Doreen Bogdan-Martin, Secrétaire générale de l’Union internationale des télécommunications (UIT), lors du déjeuner-débat organisé le 26 mai 2025 dans le cadre du Forum suisse de politique internationale sur le thème « Réduire la fracture numérique à l’ère de l’intelligence artificielle », en collaboration avec la Chambre de commerce suisse-britannique.

Alors que l’UIT célèbre son 160ème anniversaire, Mme Bogdan-Martin a évoqué la mission de cette institution du système des Nations Unies, qui consiste à connecter le monde, soulignant la nécessité urgente d’exploiter les technologies émergentes pour favoriser l’inclusion plutôt que d’exacerber les inégalités.

  1. 160 ans de connectivité mondiale

La Secrétaire générale de l’UIT a présenté l’histoire de l’Union, fondée en 1865 par 20 pays réunis à Paris pour normaliser la télégraphie et faciliter les communications internationales. Elle a souligné que la création de l’UIT n’avait pas uniquement pour objet l’innovation technologique, mais aussi la nécessité de collaborer, un principe qui continue de guider les travaux de l’organisation aujourd’hui. Au fil des décennies, l’UIT a joué un rôle de premier plan dans la mise en place de ce qui constitue la colonne vertébrale des communications mondiales, depuis la radio jusqu’aux satellites, en passant par le large bande, le WiFi et, aujourd’hui, l’intelligence artificielle.

Cette mission est à l’origine de progrès historiques, puisque le nombre de personnes connectées à l’Internet n’a jamais été aussi élevé. Pourtant, 2,6 milliards de personnes, soit un tiers de l’humanité, ne sont toujours pas connectées, tandis que des millions d’autres ne disposent pas des dispositifs, des compétences ou des ressources nécessaires pour participer efficacement au monde numérique. Les problèmes d’accessibilité financière et les préoccupations croissantes en matière de cybersécurité accentuent encore cette fracture, rendant les travaux de l’UIT plus importants que jamais.

      2. L’IA doit être un outil d’inclusion et non d’exclusion

Alors que l’intelligence artificielle révolutionne tous les aspects du quotidien, transformant les soins de santé, les services publics, l’éducation et même la gestion de défis planétaires, Mme Bogdan-Martin a lancé un appel en faveur d’efforts ciblés pour s’assurer que l’intelligence artificielle comble les fractures plutôt que de les creuser. Actuellement, seuls 10 pays dominent les brevets et la recherche liés à l’IA, tandis que les données de formation reflètent souvent les réalités des pays développés, laissant les autres pour compte.

Grâce à des initiatives telles que Giga, qui utilise l’IA et la cartographie par satellite pour connecter les écoles – et qui déploie ses activités depuis son centre de connectivité à Genève – des progrès sont réalisés. Plus de 2,3 millions d’écoles ont été cartographiées, dont plus de 10 000 sont connectées dans 41 pays. Parallèlement, la Coalition de l’UIT pour les compétences en matière d’IA s’attaque au déficit mondial de compétences en proposant des programmes de formation gratuits visant à renforcer les compétences de 10 000 apprenants rien que pour 2025. Ces efforts montrent comment l’IA peut être exploitée pour autonomiser les communautés et favoriser l’inclusion.

      3. Stimuler le progrès grâce à l’investissement et aux normes

La réduction de la fracture numérique à l’ère de l’IA exige plus que des compétences et de la connectivité: elle nécessite des investissements importants. Dans le cadre de l’Initiative pour l’investissement dans les infrastructures numériques de l’UIT, on estime que 1 600 milliards USD sont nécessaires pour les seules infrastructures. Dans le cadre de la Coalition pour le numérique « Partner2Connect », l’UIT a mobilisé 73 milliards USD sous forme de plus de 1 000 engagements pour promouvoir la connectivité universelle.

La Secrétaire générale a souligné l’importance que revêtent aussi bien les normes qu’une gouvernance responsable pour garantir que les technologies IA soient mises au service de l’humanité et du développement durable. L’approche collaborative de l’UIT a permis d’élaborer un large éventail de normes sur l’intelligence artificielle, axées sur l’efficacité énergétique, la transparence et la fiabilité.

Mme Bogdan-Martin a conclu son discours en réaffirmant la mission de l’UIT, qui demeure la même depuis 160 ans, à savoir faire progresser la technologie au service de l’humanité. Elle a appelé à investir dans les infrastructures, les compétences, les normes et la gouvernance pour façonner un avenir inclusif fondé sur l’intelligence artificielle, où personne n’est laissé pour compte.